Dans ce livre particulier, l’auteur nous entraîne dans une réflexion autour de la vie et de l’après vie, sans avoir, à ma connaissance, vécu une expérience de mort imminente. Il se demande si nous aurons aussi à faire des choix, à nous adapter en permanence dans l’au-delà.

Daniel, un psychiatre à la retraite, comprend qu'il est mort, qu'il est passé dans l'au-delà. Alors commence un périple initiatique, la découverte d'une " nouvelle dimension ", où il n'y a plus de corps, où le temps et l'espace n'existent plus vraiment. Ici règne le principe de l'entière liberté : chacune des " âmes " que rencontre Daniel a décidé d'être en enfer, au paradis ou au purgatoire... A travers cette vision de l'au-delà, Scott Peck nous invite surtout à réfléchir à notre façon d'être, ici et maintenant : enfermés dans nos névroses, nos obsessions, nos acharnements et colères, la gravité, parfois, de notre indifférence. En sera-t-il de même au ciel quand nous serons pur esprit ? Cela mérite réflexion...

L’auteur imagine ce qu’il peut bien advenir dans un au-delà, dans une nouvelle dimension où il n’y a plus de corps, plus réellement de temps et d’espace. Même si son récit n’a pas de valeur scientifique en soi, l’auteur va très habilement dépeindre en tensions ce passage à une nouvelle réalité immatérielle en se demandant : que deviennent nos différents conditionnements mondains ou sociaux ? Sommes-nous directement transformés en présence de la Lumière ? Y a-t-il un temps d’adaptation ? Avons-nous le choix ? Son livre se veut une extrapolation prudente de ce qui pourrait bien se passer dans l’au-delà et un dévoilement de ce qui nous tient captifs sur terre, qui risque de nous accompagner au Ciel si nous n’y prenons pas garde...

Le choix de souffrir ou non :

Tout commence pour Daniel par cette mort désirée, survenue à soixante-treize ans. Il raconte le tunnel qui conduit à la lumière indéfinissable mais pleine de compassion ; le fil de sa vie qui se présente comme un patchwork relatant tous les moments où il avait fait preuve de bonté ou de cruauté, le tout sur fond de lumière bienveillante. Ensuite, le soulagement de ne pas avoir à retourner sur terre. Mais la mort, sans corps et sans repère, qu’est-ce au juste ? Daniel se voit seul pour l’éternité, au risque de basculer dans la folie. Il mesure combien la réalité n’a aucun sens hors du contexte d’une société humaine. Son effroi suscite l’arrivée de deux Accueillants. Daniel les bombarde de questions, mais ce sera à lui de découvrir cette nouvelle réalité qui est d’abord projection de l’esprit dans le temps de Dieu. Rien n’est réel mais tout peut l’être. Et tous participent à une sorte de co-création. Ce sera à lui de dire s’il est en enfer, au purgatoire ou au paradis, puisque tout est régi par le Principe de Liberté. A lui de savoir ce qu’il va en faire, les personnes qu’il désire rencontrer, etc. Avec une seule nuance pourtant, et de taille : à ce principe fondamental en correspond un autre tout aussi important, la Loi de Non-Ingérence. Cette nouvelle réalité va nécessiter une Adaptation. Daniel sent bien qu’il est encore sous le poids de son passé, de ses doutes, quêtes, habitudes bien terrestres, même si tout cela n’a plus guère de sens. Daniel découvrira pourtant en rencontrant Tish qu’on peut quitter la Terre pour l’après-vie et se conduire comme si rien n’avait changé. Il va rencontrer ensuite à travers la Compagnie des Systèmes unifiés, des névrosés du travail et de l’économie qui veulent former une seule famille, en concurrence, en compétition avec d’autres sociétés toutes aussi imaginaires. Notre héros se dira qu’il s’est approché des portes de l’enfer, tant la tristesse et la souffrance de ces êtres étaient perceptibles, alors qu’elles étaient leur choix, l’expression de leurs besoins de sécurité au ciel.

Retrouvailles avec son fils:

Daniel s’en ira sur terre, après avoir fait une petite incursion dans le Cosmos, pour revoir ses enfants, leur maison ou des endroits magiques emprunts de souvenirs ; il explore le voyage dans le temps par la simple pensée. Découvre son immatérialité, sa réalité de fantôme, mais aussi - en une curieuse tristesse – son détachement de la Terre, dont les mystères ne le fascinent plus autant que de son vivant. Il ne dépendait plus de l’espace ni du temps, sa liberté était entière, mais qu’en faire ? Il avait besoin d’un mentor plus au fait de la réalité céleste. C’est son fils, Timothée, disparu à l’âge de dix-sept ans, qui apparaît comme une boule de lumière. Daniel lui demande de se matérialiser en une projection corporelle, ce qu’il fera même si cela lui demande un effort particulier. Le fils explique qu’il n’y a que des projections immatérielles au ciel ; si elles sont suffisamment intenses, les humains peuvent les voir. C’est ce que Jésus a fait lors de ses apparitions. Seul son corps était mort, son âme était vivante.

Daniel demande à son fils s’il est heureux au ciel. La réponse est affirmative, mais Timothée relève néanmoins qu’il ne s’agit pas d’un bonheur absolu. L’Adaptation comporte ses peines et chagrins, et certaines personnes restent accrochées à leur passé terrestre. Les fantômes ne parviennent pas à renoncer à la Terre, alors ils errent vainement dans les limbes, jusqu’à ce qu’ils arrivent à comprendre qu’ils n’arrivent à rien comme cela. Une douzaine de fois environ par génération, une âme du purgatoire peut se réincarner parce qu’elle n’arrive pas à évoluer vers autre chose. Il y a aussi les anges créés avant les êtres humains ; ils possèdent quelque chose comme une âme. Leur volonté est bridée de sorte qu’ils sont plutôt des espèces de robots. Ils peuvent atteindre des sommets de puissance dans la limite de leur champ d’action. Leur révolte contre Dieu est en conséquence perdue d’avance.

Daniel demande à comprendre cet état de lumière. Il apprend de son fils que la lumière, l’énergie, la volonté, Dieu, la conscience viennent de Dieu, il en est l’essence. Nous sommes alors l’arête de Dieu. Nous devons avoir la sagesse du serpent et l’innocence de la colombe comme disait Jésus pour appréhender cet état.

Retrouvailles avec son épouse: 

Le père et le fils se quittent avec la promesse de se revoir. Daniel est bien décidé ensuite à rencontré son épouse. Avant d’adresser la demande, il se remémore leur union, et fait le point ; son désir n’est pas sexuel, ni romantique : l’idylle est pour lui du domaine de l’illusion. Il veut plutôt se souvenir de cette relation marquée, les vingt dernières années de vie commune, par le principe de réalité : chacun des époux était devenu tout à fait acceptable aux yeux de l’autre. Aucun n’était transporté d’amour, mais leur amour était sincère. La rencontre a donc lieu soutenue par les projections immatérielles qui permettent une visualisation réciproque. Après un moment, Martha et Daniel décident d’y renoncer et de voyager dans le cosmos; ils se retrouvent alors en un lieu qui précède la Création, là où le jour et la nuit n’ont pas été séparés. Daniel a peur, mais Martha le rassure. Elle lui explique que le monde de la chair n’est pas une illusion ; la matière existe presque indépendamment du ciel. La matière est réelle, l’esprit aussi, même si ce dernier est plus important, et même si la matière n’est pas tout à fait ce que nous en disons.

Le couple apaisé évoque aussi leur mort respective, leurs différences, et leur détachement commun d’avec leurs enfants. Martha raconte qu’elle fait partie d’un Comité chargé de créer chaque nouvelle âme avec amour, un travail qui met en réseau de nombreux autres comités. Chaque expérience est unique. : éduquer une âme demande beaucoup d’énergie, de travail commun, de prières. Daniel fait remarquer que le résultat n’est pas toujours à la hauteur des efforts consentis. Son épouse lui explique que si les réussites dépassent les échecs, les comités restent attentifs à chacun comme au grand chantier de l’Evolution, qui suit son propre rythme souvent lent. Ils lui donnent en douceur un léger coup de pouce. Daniel est pris d’angoisse en songeant que chacun d’entre nous est une toute petite partie de Dieu. Martha lui explique que Dieu est avant tout un créateur, un artiste, et dès lors toute création est l’expérience de Dieu. L’amour aussi. Sur ce point, les époux se disent heureux de s’être retrouvés avec le sentiment que leur lien spécial à survécu à la mort. Ils se reverront donc, avec le projet de s’offrir comme de leur vivant des vacances.

Que faire dans l'éternité?

Resté seul dans le néant, Daniel se demande s’il pourrait s’assoupir sans retourner dans sa chambre. Le néant est impersonnel mais en rien redoutable ; il comprend pourtant qu’il préfère sa chambre parce qu’elle lui appartient en propre. C’était encore une simple affaire d’ego…

A son réveil, Daniel décide d’appeler ses Accueillants pour leur dire qu’il est prêt à se rendre utile. Après discussion avec eux, cette question sera de la compétence d’une autre personne, du ressort d’Isabelle, dont la boule de lumière brille d’une intensité particulière. Il sera soumis à la question pour déterminer dans quel secteur il pourrait le mieux se rendre utile. Daniel découvrira qu’il ne tient pas tant à une activité liée à sa pratique de psychothérapeute, qu’il n’est pas fait, comme son épouse, pour le maternage des âmes, qu’il serait plus à sa place dans un comité dévoué au changement de culture. C’est dans ce domaine que Daniel a su se dévouer sans compter, canaliser son impatience, et même faire des efforts considérables d’apprentissage d’autres cultures. Mais il lui faudra apprendre une langue spéciale pratiquée dans ce comité. Isabelle lui annonce qu’elle reviendra dans trois jours, qu’il devra quitter définitivement sa chambre ; elle lui conseille de prier et d’être attentif durant ce temps de réflexion. Par quoi commencé ce temps de réflexion ? Daniel se livre à la prière.

Soudain, une lumière vive, écrasante même apparaît : Susan se présente et l’invite à faire un voyage sur terre. Daniel découvrira que cette femme plantureuse qui lui demande de l’adorer est en réalité une émanation de Satan ; il ne succombera pas à la tentation grâce à la prière qui va le protéger du mensonge et de l’illusion. Toutefois, Daniel réalisera que c’est par le biais du sexe qu’il avait cru être en présence du divin, et somme toute, son désir de Dieu était son point faible. Mais il réalisera aussi que sans le corps, la sexualité n’a plus vraiment de sens ni d’intérêt au ciel. Il va, en attendant le retour d’Isabelle, se rendre une fois encore auprès de Tish pour faire ses adieux ; elle lui demandera de la bénir. Daniel va prier pour elle, et Tish entendra une voix divine lui dire : « Vous m’avez donné du plaisir. » N’est-ce pas la plus belle des bénédictions ?

Isabelle reviendra pour le conduire au comité dévoué au changement de culture. Daniel y découvrira cette langue chatoyante : c’est parmi ces délégués qu’il fera son humble apprentissage…

Au ciel et sur Terre, une adaptation est à faire:

Cet écrit publié en 1996 résume à lui seul sa thèse fondamentale qui veut que nous soyons habités douloureusement par nos névroses terrestres. Il en sera donc au ciel comme sur la terre. Nos névroses nous habiteront, sauf si nous acceptons d’y remédier. La trame narrative et imaginaire se veut un effet miroir. Daniel est hanté par un désir-besoin de perfection qui le fait craindre d’être jeté aux lions. Rappelons qu’autrefois, durant les jeux du Cirque, les Romains enfermaient les condamnés dans l’arène avec des lions. Quant à Daniel, son nom hébreu signifie Dieu est (mon) juge.

Dans l’approche de Nassim H, Tout est connecté, l'information est disponible:

elle est ce dieu d’antan, la combinaison de tout ce qui est ensemble; chaque point est une expression du créateur; la création est la connexion avec chaque point, l'omniscience et l'omnipotence, chaque atome est en lien; la force de la création devient plus claire; la mort ne détruit pas l'information: il y a changement d'état. Elle reste présente dans l'espace. En fait, tous les systèmes, y compris notre corps, sont connectés à ce champ d'information et la conscience en est le passage par rétroaction; elle est une expression de ce champ électromagnétique à la base de la réalité. En tournant nos sens vers cette information, nous avons une influence y compris à distance en vertu du principe d'intrication. Ce n'est pas de la magie, mais la manière dont l'univers fonctionne. En général, on n'utilise pas ces capacités mais on peut apprendre à le faire.

Les gens croient que la matière est faite de particules mais en réalité il y a juste une délimitation dans l'espace. Les champs électromagnétiques interagissent et nous donnent l'illusion de la matière, mais il y a seulement des champs plus intenses, une délimitation, un volume avec un champ, une oscillation dans la structure de l'espace; la réalité est de l'espace délimité.

La fréquence de notre corps entier est l'amas de toutes les autres fréquences;  si toutes ces fréquences sont bien alignées, en résonance harmonique, chaque niveau sera en bonne santé (de Planck à notre corps et certainement plus loin, avec la planète, le soleil, le système solaire, la galaxie, l'univers, etc.).

Si un niveau (ou plusieurs) dévie de ce niveau de résonance harmonique, un mal être, des maladies peuvent survenir.
Cette résonance pourrait être celle de la fréquence de l'amour.

En réalité, au ciel et sur la terre, il se pourrait en effet que l’Adaptation soit permanente. Sur terre, Par nos choix abrupts, nos émotions, nos demandes de changements, nos pensées, nous adressons une requête à l’Univers qui ne pouvait nous répondre que si nos intentions sont claires, suffisamment bonnes et pures, maintenues dans la durée et désintéressées. La clé est la Gratuité et le Don. La gratitude et la confiance. La foi, l’amour et l’espérance.

Au ciel, Il n’y aura très probablement aucune condamnation, aucune contrainte, punition ou enfer. Le libre-choix est une réalité incontournable. Y compris sans doute celui de refuser la divine lumière, le pardon, la sérénité ou l’amour.

Et il devrait en être sur terre comme au ciel !Un même défi, un même but vers lequel tendre : que la divine harmonie soit la vérité de tout et de tous.