On le sait, les réseaux sociaux sont devenus des vecteurs de haine ou du moins de rivalités poussées à l'extrême: tout s'y dit sans recul ni respect! C'est le grand foutoir du déversoir, l'exemple de nos élans sadiques, narcissiques et pervers, la partie sombre de l'humain à vrai dire.

C'est mon avis et j'ai le droit de l'exprimer. Point barre. Que ça plaise ou non.

Pourtant, il y a derrière ces justifications des effets de meute ou encore la désignation de boucs émissaires. Des mécanismes peu recommandable en vérité.

 L’effet de meute :

"Salope", "traînée", "grosse pétasse", "putain"... Marlène Schiappa très violemment insultée sur les groupes de gilets jaunes à la suite de la polémique sur la cagnotte du boxeur. "Sur la page Facebook de la ministre, il y a des milliers de commentaires d'insulte, de menaces de mort, de viol, d'appel au suicide, des montages photo orduriers en raison de son engagement public pour défendre le président, le gouvernement et les valeurs de la République", décrit son cabinet à France info. Des messages virtuels donc, mais aussi des appels au secrétariat d'Etat. "On a des logorrhées d'insultes." Un cyberharcèlement auquel la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes a décidé de répondre en portant plainte.

Le premier réflexe, plutôt naturel, est d’aller chercher l’origine de ces mouvements chez certains extrémistes qui ont intégré depuis longtemps cette rhétorique violente. « Dans certains groupes, comme la fachosphère, les comportements haineux font partie de l’identité, observe Pauline Escande-Gauquié, sémiologue et coauteure de Monstres 2.0. L’autre visage des réseaux sociaux (éd. François Bourin, 2018). Ils se sentent légitimes à insulter des personnes, car ils sont fondus dans des discours haineux de masse. Il y a un effet de horde. » Ce cyberharcèlement est sans doute le phénomène le plus terrifiant de l’espace numérique. Du jour au lendemain, voire d’une heure à l’autre, une personne, la plupart du temps une femme, se retrouve au centre de l’attention de centaines ou de milliers d’individus qui ont décidé de la prendre pour cible. La violence qui se déchaîne alors ne semble connaître aucune limite : dénigrement, insultes, doxxing (divulgation de données personnelles : l’adresse ou le numéro de téléphone), menaces de viol, appel au meurtre. Et ce déferlement répond à un processus tristement invariable. La victime poste un message sur les réseaux sociaux, un article, une vidéo, etc. Une action qui peut rester sans conséquence pendant un temps, jusqu’à ce qu’arrive le déclencheur. Ce peut être un texte sur un forum de discussion, le tweet rageur d’un compte très suivi ou un partage Facebook outré. C’est l’allumette craquée à l’orée d’une forêt après la sécheresse. (Source : https://www.liberation.fr).

Le journaliste Philippe Barraud fait remarquer que le pouvoir de ce cyberharcèlement est largement liée au désintérêt des fournisseurs d’accès qui n’entendent pas policer les réseaux car cela diminuerait le trafic et donc leurs profits. Comme l’impunité est quasi garantie, il n’y a pas véritablement de dissuasion. Pourtant, il serait possible de mettre en place des règles simples, qui prévalent déjà dans le journalisme, interdisant l’anonymat, les insultes, les calomnies ou les fausses infos…et surtout le lynchage gratuit. Les gens qui attaquent ne forment pas un groupe homogène. Il y a une part de jalousie, une part d'incompréhension et de bêtise, il y a pour beaucoup de ces commentateurs du dimanche le simple désir d'être entendus, de se faire remarquer à travers l'attaque. Mais il y a aussi cette haine projetée sur des personnes aux situations enviables qu’il est possible de salir par des commentaires odieux et calomnieux. Les jaloux et les envieux projettent leurs déceptions et leurs rancœurs. Ils salissent, avilissent, tuent symboliquement au nom de leur petite vie, de leurs difficultés quotidiennes, de tout ce qu’ils ne sont pas et n’ont pas. Ils réagissent viscéralement en pourrissant la vie des autres à chaque fois qu’ils se sentent remis en question ou « agressés » par des propos qui ne leur conviennent pas. Alors ils se fâchent et se lâchent en espérant créer l’avalanche qui va les conforter dans leur opinion et justifier leur réaction haineuse. Ils adorent l’effet de meute, le lynchage cybernétique collectif qui leur permet de banaliser leurs propos salassent et leur comportement amoral. « C’est juste pour rire ou se défouler, voyons. Tout le monde le fait. On a quand même le droit de réagir et de donner son avis ! » Mais le but pervers demeure de blesser, punir, faire mal, pourrir le bonheur de l’autre. Les remarques valides et pertinentes d'internautes de bonne foi se perdent dans le reste et dans la masse ne subsiste qu'un relent général agressif nauséabond et affligeant. Ne faudrait-il pas revoir les règles du jeu ?

 

Le bon entendement des hommes dans une société semble se dessiner comme une alternance qu’il faut réguler par des lois, entre le légal et le légitime, entre le rationnel et le raisonnable et donc entre conscience morale personnelle et morale collective (lorsqu’elles sont en conflit). Chaque individu qui compose une société doit donc considérer l’autre, soi-même, et la communauté comme trois entités à élever au même stade de  priorité pour ne pas sombrer dans l’égoïsme ou au contraire, dans une « identité individuelle communautaire ». 

Cependant, quel que soit la direction que prend un individu, qu’il soit en conflit avec la société ou non il doit se considérer comme une entité et comme une sous-partie d’un ensemble plus grand. Et cette considération amène à accepter un certain nombre d’obligations créées par la société et donc des hommes. Ce sont les lois. Elles sont faites pour encadrer ou exclure ceux qui nuisent à la communauté par une considération trop importante de soi-même par rapport à autrui. (http://www.fredericgrolleau.com).

 Freud dira ainsi dans son livre « Malaise dans la civilisation » que « l’homme est (…) tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer (p.98). » Devant de telles affirmations, comment ne pas nourrir des sentiments pessimistes, défaitistes ou fatalistes ?

Le sujet individuel et collectif peut être créateur et destructeur de vie.
La tension entre le moi et l'idéal du moi peut conduire à la dépression.
L'idéologie de la réalisation de soi-même renvoie à l'obligation de se faire une place, de réussir, ce qui charge cette tension. Quand elle s'emballe, le sujet peut, n'étant pas reconnu par ceux qui représentent le pouvoir, la notabilité ou la considération vouloir les détruire. 

" Quand l'amour est blessé, il risque en sa déchirure, toutes sortes de démesures inhumaines : le silence, la rage, le froid, la jalousie, la culpabilité ou la honte, mais il devient surtout haine conjuguée en logiques infernales car la haine est l'amour lui-même devenu impossible qui se mue en destruction, en se déchirant du dedans en une tristesse sans fond ou en ressentiment effrayant. D'elle peut dériver une énergie extrême vers la frénésie de jouir, l'avidité, l'ambition, le sexe, le pouvoir, l’argent. Elle peut aussi mener à l'abattement complet, à l'échec à répétition, à la déception programmée ; la douleur de l'absence, celle de l'impuissance conduisent à vouloir détruire, ou encore à la résignation, à la dureté, à l'indifférence, au cynisme tranquille même si la brûlure demeure ! La logique infernale fait fructifier le malheur en autant de revendications et ressentiments. On n’en finit pas de cette tristesse-dépit-colère-injustice." Maurice Bellet.

 

A l'effet de meute, il faut ajouter encore celui du bouc émissaire: 

 Le « bouc émissaire » trouve ses origines dans une scène de l'Ancien Testament. Voici son récit : « Dieu demande que le grand prêtre, après avoir sacrifié un bouc, prenne un bouc vivant, mette sur la tête du bouc tous les péchés du peuple, puis le chasse dans le désert. »

Si cette coutume sacrificielle, précise Françoise Claustres, «se tenait lieu une fois par an, à Yom Kippour, le jour du Grand Pardon, l'histoire donnera pour sa part, nombre d'exemples annuels et séculaires du boucs émissaires. Mais ce phénomène se retrouve en réalité dans toutes les cultures.

René Girard renverse une idée unanimement reçue dans la communauté scientifique et a fortiori dans le grand public, le préjugé selon lequel le sacrifice « religieux » (égorger un animal ou un être humain) serait destiné à calmer la colère des Dieux (chez les Grecs), ou à tester la foi des croyants (on pense au sacrifice d’Isaac par Abraham interrompu in extremis par un ange descendu du Ciel). Aux yeux du philosophe, le sacrifice n’est pas une affaire religieuse mais une affaire humaine.

Si les hommes vont jusqu’à tuer l’un de leurs semblables, ce n’est pas pour faire plaisir aux dieux, mais pour mettre fin à l’hémorragie de violence qui frappe le groupe, et partant le menace d’extinction. En proie à une violence meurtrière, la société primitive se choisit spontanément, instinctuellement, une victime, qui jouera le rôle à la fois de pansement et de paratonnerre. De pansement, parce qu’elle va recueillir en sa seule personne toute l’agressivité diffuse et soigner le mal ; de paratonnerre parce qu’elle sera remobilisée, sous forme symbolique, chaque fois que la communauté replongera dans la violence. Ainsi se met en place, selon Girard, le rite du bouc émissaire, dont la vertu première est de transformer le « tous contre tous » en « tous contre un ».

Le bouc émissaire humain n’est pas tiré au hasard ; c’est un personnage que ses qualités victimaires prédisposent à occuper la fonction de bouc émissaire. Afin d’expulser cette violence intestine, le bouc émissaire doit en effet correspondre à certains critères. Premièrement, il faut que la victime soit à la fois assez distante du groupe pour pouvoir être sacrifiée sans que chacun se sente visé par cette brutalité et en même temps assez proche pour qu’un lien cathartique puisse s’établir (on ne peut expulser que le mal qui est en nous...).

Aussi, le véritable bouc émissaire de la tradition hébraïque est à la fois différent par sa qualité d’animal et semblable par son caractère domestiqué.

Deuxièmement, il faut que le groupe ignore que la victime est innocente sous peine de neutraliser les effets du processus. Troisièmement, le bouc émissaire présente souvent des qualités extrêmes : richesse ou pauvreté, beauté ou laideur, vice ou vertu, force ou faiblesse. Enfin, la victime doit être en partie consentante afin de transformer le délire de persécution en vérité consensuelle. Dans les mythes, c’est souvent un prisonnier de guerre, un esclave, un enfant informe, un mendiant, Jésus…

Le cyberharcèlement repose sur  le désir ou le délire de persécution qui se cherche des raisons soi-disant consensuelles d'agir, des prétextes à déchainer la critique haineuse; la cible mérite une leçon ! Elle incarne ce qui est détesté et détestable, envié ou enviable...ce qui doit être puni, sali ou du moins sanctionné. L'effet de meute est une sorte de corrida de groupe, un défoulement jubilatoire sensée soulager  nos peurs, nos angoisses, nos doutes et complexes, notre petite vie en somme...par la mise à mort symbolique de ce que nous détestons en nous et chez les autres ! Ou par la destruction de ce que nous n'aurons jamais, ne serons jamais ! Cette mise à mort symbolique est justifiée par une erreur, une attitude, un geste, un point de vue, une image: qu'importe, tout est prétexte au défoulement haineux. C'est aberrant et affligeant. Il n'y a plus aucune empathie: tout est dans l'affrontement agressif, le duel, l'escalade symétrique, le langage ordurier. La jungle et la loi du plus fort, du plus endurant s'impose avec un manichéisme douteux: on s'adule ou on se vomit ! 
En réalité, la plus grande barrière qui s’oppose à de bons rapports interpersonnels est notre 
tendance toute naturelle à juger, à évaluer, à approuver ou désapprouver les dires, les faits et gestes, les convictions ou les valeurs de l’autre personne ou de l’autre groupe.

Et le danger d'emballement est toujours bien réel, tout particulièrement dans une société très individualisée, et très engluée dans le consumérisme.

Le désir mimétique

Le désir mimétique est associé à la mimésis d'appropriation.  René Girard note en premier lieu dans le comportement humain (et même animal) une dimension imitative, c'est-à-dire une volonté d'imiter son semblable. Cette mimésis est indispensable à l'homme pour être homme justement. Il apprend à parler, à marcher, à se conformer à des lois, à s'intégrer dans une culture. René Girard fait une distinction entre la mimésis d'apprentissage et la mimésis de rivalité, source de tous nos conflits.

La mimésis de l'antagoniste.  René Girard note en premier lieu dans le comportement humain (et même animal) une dimension imitative, c'est-à-dire une volonté d'imiter son semblable. Cette mimésis est indispensable à l'homme pour être homme justement. Il apprend à parler, à marcher, à se conformer à des lois, à s'intégrer dans une culture. René Girard fait une distinction entre la mimésis d'apprentissage et la mimésis de rivalité, source de tous nos conflits.

La question fondamentale demeure ici : comment ne désirerais-je pas ce qu’un autre désire ? Le désir mimétique est fondamentalement convoitise, désir de ce que l’autre a, désir de ce que l’autre est, et aussi par l’admiration portée, rejaillissement sur soi-même d’un lien avec la personne admirée qui conduit à une imitation mais encore à un gain. Le désir mimétique peut aussi s’attacher à une idéologie, une imagerie, une mode, un discours véhiculé par la société. Il ne tient que dans la logique de la dissimulation, dans la vanité et la quête de ce qui donne du piment, un plus à notre vie.

A ne désire pas un objet B pour ses propriétés particulières mais parce que C le possède. Il n’y a donc pas d’autonomie du désir mais une médiation : l’une externe (qui concerne l’inaccessible), l’autre interne qui fait de l’autre un modèle, un rival. « Seul l'être qui nous empêche de satisfaire un désir qu'il nous a lui-même suggéré est vraiment objet de haine. Celui qui hait se hait d'abord lui-même en raison de l'admiration secrète que recèle sa haine. Afin de cacher aux autres, et de se cacher à lui-même, cette admiration éperdue, il ne veut plus voir qu'un obstacle dans son médiateur. Le rôle secondaire de ce médiateur passe donc au premier plan et dissimule le rôle primordial de modèle religieusement imité. Dans la querelle qui l'oppose à son rival, le sujet intervertit l'ordre logique et chronologique des désirs afin de dissimuler son imitation. Il affirme que son propre désir est antérieur à celui de son rival ; ce n'est donc jamais lui, à l'entendre, qui est responsable de la rivalité : c'est le médiateur (René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, Pluriel, p. 24-25) »

L’objet du désir s’estompe toujours au profit du médiateur. S’en suit le schéma classique : désir – rivalité – crise. Cet aspect du désir mimétique peut prendre des formes diverses, réelles ou symboliques, qui se retrouvent dans une idéologie, l’imitation d’un modèle social, dans nos fascinations pour les produits de marques ou de luxe, etc. Le désir mimétique va de la simple convoitise en passant par la jalousie jusqu’à l’holocauste : il concerne la quasi-totalité des comportements individuels et collectifs depuis la nuit des temps. Cela veut dire, pour René Girard, que la civilisation repose en fait sur le meurtre, sur le mensonge, et sur la dissimulation de meurtre : « On ne veut pas savoir que l'humanité entière est fondée sur l'escamotage mythique de sa propre violence, toujours projetée sur de nouvelles victimes. Toutes les cultures, toutes les religions, s'édifient autour de ce fondement qu'elles dissimulent, de la même façon que le tombeau s'édifie autour du mort qu'il dissimule. Le meurtre appelle le tombeau et le tombeau n'est que le prolongement et la perpétuation du meurtre. La religion- tombeau n'est rien d'autre que le devenir invisible de son propre fondement, de son unique raison d'être (René Girard, Des choses cachées depuis la fondation du monde, p 244, Biblio essai.). »

 

Liberté - égalité -fraternité

Le mythe du bonheur égalitaire-obligatoire ne fait qu’engendrer des espoirs déçus et une insatisfaction collective qui n’ont d’autre choix que de s’inscrire encore plus dans une dépendance consumériste, dans une fuite en avant, un plus de la même chose décrit par l’école de Palo Alto. Cette fuite en avant est comique, car un besoin satisfait en chasse un autre qui revient inexorablement. Mais cette quête inassouvie est aussi tragique dans la mesure où le problème est récurrent et interactionnel : on tourne en rond, essayant la même stratégie encore et encore ; on a choisi une solution qui ne marche pas. Malgré cela, l’homo œconomicus continue à l’appliquer. Quelque chose maintient le problème et ce quelque chose est habituellement une « tentative de solution » qui se répète inlassablement, « vers plus de la même chose ! ».

         L’homo œconomicus n’est ni stupide, ni méchant, ni malade. Il est juste aveuglé par son histoire personnelle, son besoin de confort et de sécurité et sa foi en l’innovation technologique.

Tant que nous serons dans un monde, une économie basés sur la compétition, la concurrence, l'inégalité de traitement, nos sociétés seront chaotiques.

Pour en sortir, il faut des solutions neuves:

LE REVENU DE BASE INCONDITIONNEL (RBI):

Cette idée a aussi fait son chemin en Suisse. Le RBI garantit la part de revenu qui couvre les besoins de base. Les gens ne chercheront plus un emploi pour survivre, mais parce que personne ne souhaite se contenter du minimum. Ils pourront ainsi négocier leurs conditions de travail pour satisfaire leur envie de confort plutôt que leur besoin vital. Les conditions de travail s’amélioreront pour motiver des personnes disposant déjà du RBI à s’engager. Les uns pourront plus facilement négocier un travail à temps partiel si désiré et les autres, plus facilement obtenir du travail. Les entreprises de leur côté seront déchargées de leur responsabilité de faire vivre les gens. Elles seront encouragées à automatiser leurs tâches répétitives et peu attractives.

Financement du RBI

Le RBI ne coûte pas plus cher que le système actuel.. Ce n’est pas une nouvelle charge pour l’Etat comme lorsqu’il s’agit de construire un hôpital ou de fournir un service public, mais d’une modification de la répartition de la richesse produite pour qu’elle bénéficie à l’ensemble de la population. Le RBI apporte la première tranche de revenu qui couvre les besoins fondamentaux de chaque personne. Aujourd’hui, pratiquement tout le monde dispose déjà au minimum d’un tel revenu. Le RBI peut globalement s’autofinancer presque en totalité par le simple transfert des coûts de la part des prestations sociales qu’il remplace et celui de la part de la valeur produite par l’activité économique qui couvre les besoins de base des actifs. Ne reste alors qu’un modique solde à financer pour les personnes qui aujourd’hui gagnent moins que son montant et pour les enfants (allocations familiales déduites).

En chiffres (statistiques 2012, OFS) : si l’on part de l’hypothèse d’un RBI de Fr. 2’500.- pour les adultes et de Fr. 625.- pour les mineurs, la somme totale du RBI distribué à l’ensemble de la population serait de 208 milliards. Le montant financé par le transfert du coût des prestations sociales remplacées serait dans les 62 milliards. Le transfert de la part de la valeur produite serait de 128 milliards. Le solde à financer s’élèverait à 18 milliards, soit seulement 3% du PIB de la Suisse, moins que les coûts de la santé liés au travail. Ce solde pourrait aisément être couvert de multiples façons, comme un ajustement de la TVA, de la fiscalité directe, une taxe sur la production automatisée, sur l’empreinte écologique, etc.

Une chose est certaine: l'évolution nous entraîne vers des changements nécessaires qui seront basés sur une évidence:

Il y a assez de tout pour tous sur notre Terre.

C'est le défi majeur du futur.

Un défi non-violent forcément!

Un défi passionnant et spirituel forcément.

868 millions de personnes, soit 12,5% de la population mondiale, souffrent de malnutrition. C'est affligeant sachant que l'humanité aurait les moyens de venir à bout de la faim ! Tout comme elle pourrait se donner les moyens d'une meilleure justice sociale avec un meilleur respect de l'environnement. Les solutions existent, un tel changement est possible, mais il requiert l'abandon du libéralisme économique mondialisé bâti sur le gaspillage des ressources planétaires, les profits à courts termes et l'obsolescence programmée. Honnêtement, qui rêve encore d'un monde meilleur venu du libéralisme économique ? Ce modèle économique a montré ses failles et faiblesses: il est temps d'en changer. Partout dans le monde, des manifestations de rue demandent des changements pour le bien de toutes et tous. Un nouveau monde est à construire sur d'autres bases plus fraternelles, moins centrées sur la compétition ou l'égocentrisme; tout est à construire y compris dans le domaine scientifique car notre savoir dépassé repose sur les dogmes du déterminisme étroit qui est dans l'impasse et nous conduit droit dans le mur : l'urgence réclame le partage de l'abondance.  Il doit y en avoir assez pour chacun-e !

Dans l’excellent ouvrage « Pirké Avot – Maximes de nos pères » il est dit une parabole intéressante :

« Lorsque D.ieu, disent nos sages dans le midrach, prit conseil des anges au sujet de la création, les anges de la paix et les anges de la vérité déconseillèrent la création de l’homme, mais l’ange de l’amour se présenta devant le trône du Tout-Puissant et dit : « Crée-le, D.ieu de toute bonté, car il pratiquera la charité sur la terre. » Et D.ieu créa l’homme, afin que par lui soit faite l’oeuvre de charité. »