La culpabilité est une émotion causée par la transgression d'une norme morale. Il s'agit d'une émotion proche du concept du remords. Dans la classification des émotions morales de Jonathan Haidt, la culpabilité fait partie des émotions auto-conscientes, celles permettant aux individus de réguler leurs actions.

Une émotion universelle

Il n’est pas question de valoriser l’absence totale de culpabilité, caractéristique du psychopathe, pour qui l’autre n’est qu’un objet. Selon le psychanalyste Jacques Lacan, comme la colère ou la joie, elle appartient aux affects les plus universels et les plus archaïques, ceux qui apparaissent de façon presque innée. D’après la psychanalyste Melanie Klein, l’une des principales spécialistes de la petite enfance, elle se manifeste dès les premiers mois de la vie et résulte de l’ambivalence des sentiments éprouvés pour la mère : l’enfant s’en veut de détester cet être par ailleurs adoré.

En raison de nos tendances à nous perdre entre réalité et imaginaire, nous sommes tous condamnés à la culpabilité, y compris pour des actes que nous ne commettrons jamais (tuer notre père, notre mère, les voisins ou les collègues de bureau qui nous dérangent), y compris en prêtant aux autres des sentiments qu’ils n’éprouvent peut-être pas. Une vision de nous-même trop idéalisée nous pousse aussi à ressentir nos échecs comme des fautes morales : « Je m’en veux, car je ne suis pas aussi bien que je le devrais. » Pire : nous pouvons être torturés par une culpabilité inconsciente que nous ne percevons pas, mais qui nous entraîne vers des conduites d’échecs ou qui nous rend malades. Pas question, dans l’affaire, de compter sur le surmoi, la conscience morale intériorisée, pour servir de repère. En effet, généralement trop sévère, il nous demande toujours plus – « Renonce à tes plaisirs », « Pense aux autres avant de penser à toi », « Tu aurais dû réussir beaucoup mieux », « Tu te complais dans ta médiocrité », etc.

La sortie de la culpabilité passe par la connaissance de soi, et par la reconnaissance de nos véritables désirs et éventuelles erreurs. Par notre aptitude à affirmer « Je veux », « J’assume ». Par l’acceptation de notre responsabilité face à nos aspirations et à nos actes. Plus nous essayons de fuir les aspects sombres ou socialement incorrects de notre ego, plus nous nous enfonçons dans la culpabilité.

Culpabilité, honte, embarras

La culpabilité résulte de la transgression, réelle ou imaginaire, d’une règle morale (faire souffrir, mentir, tricher, dissimuler, tromper, voler, blesser, tuer…). Elle concerne notre rapport à la loi mais aussi au clan, à nos parents, notre fratrie, etc. Lorsque nous nous sentons coupables, nous essayons de réparer ou de dissimuler. La honte est liée à la peur du rejet social, de l’exclusion. Elle résulte du sentiment d’être indigne, inférieur aux autres (parce que l’on est dans la misère, analphabète, inculte…). Nous la ressentons si nous portons des vêtements banals lors d’une soirée huppée, ou quand, chômeurs, nous sommes entourés de gens qui travaillent, par exemple. Elle nous donne envie de fuir, de nous cacher. L’embarras surgit quand nous contrevenons aux conventions, aux règles du savoir-vivre (ne pas roter, péter, se promener la braguette ouverte ou se gratter les fesses en public, etc.). Embarrassés par les gargouillis intempestifs de notre ventre, nous nous excusons.

Le besoin de se rendre acceptable

Nous sommes tous sous l'emprise de la faute, de la culpabilité et du perfectionnisme. Cela semble venir de notre besoin de sécurité et d'harmonie qui dépend pour une grande part de notre adaptation au milieu et des liens noués avec les autres. Notre passe-temps favori, de ce à quoi nous tenons tant, vient du désir féroce de s'auto-justifier, d'assurer ce qui ne peut l'être.   Nous voici en prise avec la morsure du Néant, à situer entre cette quête d'idéal et le besoin de se rendre acceptable.

Une tension d'où surgissent la dramatisation ou la banalisation: la faute, l'auto-flagellation, la culpabilité mortifère, le besoin d'en faire des tonnes pour attirer l'attention, le perfectionnisme de la sériosité ou de la rivalité; dans ce piège, il n'y a pas de liberté: il y a des mythes (sociaux, familiaux, religieux), des attentes et décrets intériorisés, des vouloir et des devoirs être; des peurs, des craintes, des tristesses, des frustrations, des ressentiments, des colères, des hontes, des gènes, des dégoûts, des blessures de n'avoir pu combler les attentes narcissiques de nos parents, celles des personnes qui comptent pour nous, pour qui nous aurions tant aimé compter. Le désir mimétique nous pousse à désirer ce que l'autre a/ est, ou à entrer en rivalité; en somme à dévorer ou vomir dans une quête de maître ou d'esclave. S'aimer sans fureur ni férocité devient ici impossible: tout est à vif!

Ainsi, plus nous vivons dans une quête idéale de soi, plus nous cherchons à nous rendre acceptables par tous les moyens: la ruse, la force, le chantage, la dette imposée, la séduction, la manipulation, la victimisation, etc.

Mais on en revient toujours à l'autre /Autre diabolisé ou idéalisé! Avec une seule stratégie, celle du "il suffit d'insister". Nous souffrons de nos attentes excessives, idéalisées, comme de notre besoin d'être respecté, apprécié, estimé, aimé. La faute réelle  ou imaginaire, banalisée ou exagérée, est notre dénominateur commun qui se condense en boucles de rétroactions négatives: nous luttons contre le problème en insistant, en cherchant dans la mauvaise direction. La tension confine à l'inavouable. Elle conduit selon Kant au mal radical dans le mensonge à soi, à sa propre conscience, dans la mauvaise foi. Il s'agit d'une tentative désespérée - et désespérante! - de masquer le déplaisir ou l'échec, mais elle contamine toute la relation interpersonnelle. La quête se tourne vers un dieu arrangeant, une raison explicable et rassurante, vers un gain souhaitable, donc vers un moindre mal excusable. Mais cela reste une profonde aliénation....

Le saut qualitatif de la foi dans la confiance est en même temps aveu d'impuissance radicale: personne ne peut se rendre acceptable par une image idéale de soi! C'est impossible, ça ne marche pas! Ça conduit à une vie de mensonge, de devoir ou d'imposition…Le choix est plutôt à faire dans le dégagement de la Plainte, de la Menace vers la Grâce. Avoir une image idéale, la chercher, se la donner, la construire, la fourguer dans l'espoir de se rendre acceptable, c'est la figure cachée du désespoir campée dans le mensonge ou l'imposition…

Le Royaume des cieux ressemble à une personne qui se rend compte qu'elle ne viendra jamais à bout de ce qui pèse - la faute, la culpabilité et le perfectionnisme -, qu'elle n'atteindra jamais une image idéale d'elle-même qu'elle croyait nécessaire pour se rendre acceptable.

Elle accueille alors son impuissance radicale; elle s'ouvre ainsi à l'avenir, à la nouveauté. à  l'autre/Autre avec confiance; elle renonce à expier son malheur par une vie de devoir ou de mensonge. Ici, la dynamique de guérison est bien une résurrection: laisser venir le courage d'oser être soi-même avec ses ombres et ses lumières en faisant face aux autres. Nous voici libérés de notre passe-temps favori, de ce à quoi nous tenons tant: la faute, la culpabilité, le perfectionnisme issu du désir féroce de s'auto-justifier par le méritant-méritoire. 

Nous avons à entendre pourtant que notre culpabilité est relâchée, congédiée, que nous pouvons la laisser partir et du coup faire de même envers les autres. Mais cela réclame de se dé-centrer en réponse à une autorité supérieure…L'autre, mon semblable, n'est plus TOUT: il est faillible comme moi! Prisonnier du mensonge ou de l'imposition, en quête d'une sécurité illusoire car l'amour fraternel est cadeau, don, jamais il ne peut être obtenu par une obligation!

Mais on en revient toujours à l'autre /Autre diabolisé ou idéalisé! Avec une seule stratégie, celle du "il suffit d'insister". Nous souffrons de nos attentes excessives, idéalisées, comme de notre besoin d'être respecté, apprécié, estimé, aimé. La faute réelle  ou imaginaire, banalisée ou exagérée, est notre dénominateur commun qui se condense en boucles de rétroactions négatives: nous luttons contre le problème en insistant, en cherchant dans la mauvaise direction. La tension confine à l'inavouable. Elle conduit selon Kant au mal radical dans le mensonge à soi, à sa propre conscience, dans la mauvaise foi. Il s'agit d'une tentative désespérée - et désespérante! - de masquer le déplaisir ou l'échec, mais elle contamine toute la relation interpersonnelle. La quête se tourne vers un dieu arrangeant, une raison explicable et rassurante, vers un gain souhaitable, donc vers un moindre mal excusable.

Oser être soi-même avec ses ombres et ses lumières, sans rien vouloir imposer à l'autre/Autre, c'est un état de grâce et de liberté retrouvé; une vibration fondamentale qui nous redit: Il est bon que chacun-e soit né-e!

Nous aurons à dépasser les 5 blessures classiques: l'abandon, le rejet, l'humiliation et la trahison subies ou infligées; à nous libérer de l’anesthésie affective et de l’enfermement en soi-même qui sont des expériences beaucoup plus communes qu’on ne veut bien l’avouer. Car, pour la plupart, nous ne croyons pas – ou plus – à la possibilité d’un amour véritable, vivant, puissant sans être dévorant. Et ce n’est pas l’idéologie de l’amour tel que l’a enseigné un certain christianisme qui peut nous être d’un quelconque secours : il nous emprisonne au contraire dans une relation mortifère. Lytta Basset nous montre pourtant qu’existe en chaque personne une étonnante réceptivité à l’amour, prête à s’épanouir dès lors que l’on consent à accueillir le manque comme une bénédiction. L’amour qui se sait indigent laisse la place à un « souffle de vérité » qui déstabilise, mais pour venir à bout des confusions, blocages et ressentiments. Il mène alors à la découverte d’une « part de feu » en soi dont on ne savait rien. Ce feu, ce souffle qui traversent tout être humain, sont ceux dont parle l’Évangile. Nous sommes invités à nous y exposer, hors de toute contrainte sociale, morale ou religieuse, pour accéder à des relations affectives fécondes. À oser l'impensable:

Travaille comme si tu n'avais pas besoin d'argent !

 Aime comme si personne ne t'avait jamais fait souffrir !

 Danse comme si personne ne te regardait !

 Chante comme si personne ne t'écoutait !

 Vis comme si le paradis était sur terre !

Ce comme SI ne sera en rien une fuite ni une négation de problèmes réels ou de ressentis: il sera plutôt un performatif, une libération passagère, voulue, choisie de ce qui pourrait nous bloquer, nous limiter ou nous entraver. Un saut qualitatif dans ce qui est tellement mieux.

Quand on reste prisonnier de la culpabilité, notre corps peut en tomber malade.

Ce qui culpabilise une personne et l'empêche d'en parler (elle n'ose le dire à quiconque) va être caché dans son inconscient. Mais quand ce mauvais « souvenir » est réveillé, son inconscient va alors automatiquement lui créer un alibi symbolique parfaitement adapté pour exprimer ce « non-dit ».Cet alibi se manifestera par une maladie, un accident, un changement de caractère... ou bien un piercing, un tatouage, ou encore un comportement systématique. Jamais la phrase classique française « s'en rendre malade » n'a été aussi justement illustrée que par ce livre. Le Dr Thomas-Lamotte, neurologue depuis 40 ans, expose les coulisses intérieures de notre inconscient qui mènent aux accidents, maladies et autres misères et nous montre comment « guérir » et surtout « prévenir » en donnant, et expliquant, des multiples cas pratiques, réunis grâce à sa vie de médecin.

Et si la maladie n'était pas un hasard? Pierre-Jean Thomas Lamotte nous aide à en comprendre le sens caché... Ecouter ses émotions, comprendre le sens caché de nos maladies et l’importance des symboles. Son livre “Et si la maladie n’était pas un hasard":  Ecouter ses émotions pour agir plus en conscience, comprendre le sens caché de nos maladies, se soigner ou guérir, tels ont été les sujets abordés par le docteur Catherine Aimelet-Périssol et le docteur Pierre-Jean Thomas Lamotte lors des rencontres de l'IPSN sur le thème : "Logique émotionnelle et symbolique des maladies".

La maladie serait un acte manqué...

Ce médecin neurologue nous encourage à être authentique, honnête envers soi-même,  à vivre en dehors des mensonges, à partager nos hontes et nos culpabilités - peut-être surtout en famille - afin de déjouer les manifestations de maladies induites par notre cerveau stratégique qui nous les inflige pour rendre nos culpabilités supportables et concrètes! Il s'en explique très bien dans cette autre vidéo: