Le chaotique ramène tout à Soi: sa personne, ses aises et plaisirs, ses intérêts, ses dons et compétences, ses besoins et désirs, etc. Le chaotique campe dans le désir mimétique: la rivalité et la convoitise. Tout se fait dans des affrontements et des alliances.
La néguentropie privilégie au contraire l'équilibre du système, la vie bonne pour tous dans des institutions justes, la paix, la justice, l'abondance, la sécurité et les relations fraternelles. Elle est une recherche orientée: de joie bien sûr dans le libre don, le respect et le soin mutuel. Une recherche qui reste toutefois lucide car nous générons du chaos même en étant bien intentionnés! Nous restons habités par des peurs, des doutes, des frustrations, des ressentiments, des culpabilités, des hontes, etc., qui fonctionnent comme des trous noirs destructeurs de Vie.
La néguentropie nous encourage à desserrer l'étreinte de l'égo, du Moi, du mental, en recherchant un meilleur équilibre entre notre quotient émotionnel, relationnel, intellectuel et spirituel, car en réalité nous souffrons de nos attachements excessifs au monde et aux autres, aux regards surtout que nous portons sur tout. Nous créons des rebonds de souffrances et de désespérances; c'est un fait même si nous n'en sommes pas toujours conscients. Pire: nous trouvons normal certains comportements qui sont pourtant maltraitants et malveillants comme les bizutages ou les répliques cinglantes sur les réseaux sociaux.

La souffrance et la désespérance sont aussi liées à nos systèmes écomomiques. Le chaos est visible dans la problématique du réchauffement climatique (CF. le menu SOS Terre), présent aussi dans nos manières de nous maltraiter.

L’anesthésie affective et l’enfermement en soi-même sont des expériences beaucoup plus communes qu’on ne veut bien l’avouer. Car, pour la plupart, nous ne croyons pas – ou plus – à la possibilité d’un amour véritable, vivant, puissant sans être dévorant. Et ce n’est pas l’idéologie de l’amour tel que l’a enseigné un certain christianisme qui peut nous être d’un quelconque secours : il nous emprisonne au contraire dans une relation mortifère. Lytta Basset nous montre pourtant qu’existe en chaque personne une étonnante réceptivité à l’amour, prête à s’épanouir dès lors que l’on consent à accueillir le manque comme une bénédiction. L’amour qui se sait indigent laisse la place à un « souffle de vérité » qui déstabilise, mais pour venir à bout des confusions, blocages et ressentiments. Il mène alors à la découverte d’une « part de feu » en soi dont on ne savait rien. Ce feu, ce souffle qui traversent tout être humain, sont ceux dont parle l’Évangile. Nous sommes invités à nous y exposer, hors de toute contrainte sociale, morale ou religieuse, pour accéder à des relations affectives fécondes en osant la bienveillance.

La bienveillance est la disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur de chacun. Le terme est calqué sur le latin bene volens. « Un mot prononcé avec bienveillance engendre la confiance. Une pensée exprimée avec bienveillance engendre la profondeur. Un bienfait accordé avec bienveillance engendre l’amour » nous dit Lao Tseu.
La néguentropie sera toujours un saut qualitatif, un libre consentement à l'Instant, à ce qui se présente, une préférence sans garantie pour ce qui est tellement mieux, possiblement plus merveilleux ou plus juste...
La néguentropie ne nie pas le chaos, encore moins sa puissance de désorganisation: elle s'y oppose par une autre organisation. Pour cela, il faut quitter notre adhésion à la vision d'un univers machine où la vie serait un accident, un monstre froid, juste bon à combiner les possibles en fonction de lois connues, encore inconnues, du hasard et des coïncidences heureuses.