Pour certains, la transition énergétique est inéluctable: Et si la transition énergétique nous réservait une surprise? 

2009-2019. Dix années où tout a changé dans le domaine de l'énergie. Tous les scénarios imaginés en 2009 se sont révélés beaucoup trop pessimistes.

Qu'en sera-t-il en 2030? A-t-on encore la possibilité de stopper la catastrophe climatique qui nous guette? Pour la communauté scientifique, tout se jouera dans la prochaine décennie. A priori, nous serions très mal partis et la cause serait perdue. Cette opinion pessimiste, qui alimente la colère insurrectionnelle du mouvement Extinction Rebellion, ignore une autre réalité, peu présente dans les médias. La vitesse à laquelle les technologies évoluent.

Il y a dix ans, personne n'avait imaginé que les énergies renouvelables (60% des émissions de C02 sont liées à l'énergie) passeraient en tête des investissements. Encore moins que deux tiers de l'humanité vivrait dans des régions où les prix du courant solaire et éolien (sans subvention) seraient inférieurs à ceux du charbon ou du gaz! Qu'en 2030, 30% des véhicules seront électriques et atteindront 57% de la flotte vers 2040. Ces chiffres, publiés par Ploomberg New Energy Finance (BNEF), montrent que tous les scénarios les plus optimistes imaginés par les experts il y a tout juste dix ans ont été largement dépassés. Fort bien», direz-vous. Mais... il y a un hic: ces progrès réels sont insuffisants pour contrer les risques d'un réchauffement dramatique du climat à l'horizon 2100. En clair, les bonnes nouvelles de la décennie écoulées ne préjugent pas du futur. Vraiment?

Les données statistiques et leur projection dans la durée cachent une 3e dimension: les avancées dans les matériaux. Prenez le stockage d'énergie.
Jusqu'à il y a peu, les experts estimaient que c'était le point faible des nouvelles énergies intermittentes. Or, tout est en passe de basculer. Un seul exemple, emblématique. Des chercheurs de l'Université de technologie de Chalmers en Suède viennent de démontrer que l'on peut stocker l'énergie solaire dans un fluide, une molécule composée de carbone, d'hydrogène et d'azote. Lorsque ce fluide est exposé à la lumière du soleil, il se produit un phénomène particulier: les liaisons entre les atomes sont réarrangées et emmagasinent l'énergie. Celle-ci peut être restituée à la demande en envoyant le carburant dans un catalyseur. Imaginez des vitrages comportant un tel fluide: ce serait à la fois des capteurs solaires et des batteries, permettant de restituer à la demande la chaleur stockée à la température ambiante avec une perte minimale. Selon les chercheurs, l'énergie peut y être piégée pendant de longues années et le cycle et décharge opéré à de très nombreuses reprises. Tout indique que l'on pourrait atteindre une chaleur de 110 degrés, de quoi produire de l'électricité si nécessaire. L'industrialisation devrait prendre entre six et dix ans.
Ce pas de géant dans la maîtrise de l'énergie solaire n'est dans aucun des scénarios classiques imaginés jusqu'ici. Ce sont de telles découvertes qui font dire aux experts de BNEF que les pessimistes pourraient avoir tort. 

 

Il nous faudra de plus en plus une révolution technologique et industrielle: innover dans le respect de la nature.

Les 1000 idées de la Fondation Solar Impulse pour sauver notre planète

En cinq ans, les 400 experts sollicités par la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard ont labellisé 1000 innovations qui permettent, chacune dans son domaine, de réduire l’impact humain sur la planète. Mais il ne s’agit pas d’en rester à un simple catalogue...

Il faut aller vers une croissance qualitative.

Difficile pour Bertrand Piccard de choisir parmi les 1000 solutions celles à mettre en avant. Mais dans le contexte des deux votations phytos qui s’approchent, il cite RootWave, un robot qui repère par laser et électrocute les mauvaises herbes au lieu de les empoisonner au moyen d’herbicides. Il mentionne aussi AgRho® S-Boost, qui enveloppe les semences dans des molécules pour diminuer les besoins en eau et en engrais.«Puisque la rentabilité de telles méthodes est démontrée, pourquoi continuer à polluer les sols et les eaux?»

Dans le domaine industriel, c’est un processus de fabrication de l’acier inoxydable demandant 99% moins d’eau et coûtant 91% moins cher que Piccard retient: «Mais je peux vous en citer bien sûr au moins 997 autres.»

 

Une ville verte:

 

Damien Carême, né le 16 novembre 1960 à Jœuf, est un homme politique français. Membre du Parti socialiste puis d'Europe Écologie-Les Verts, il est maire de Grande-Synthe de 2001 à 2019 puis député européen depuis mai 2019. 

Si on refait complètement le transport sur une agglomération pour mettre 80% de la population à moins de 300 m d'un arrêt de bus, où les bus passent toutes les 10-15 minutes, que l'on met toujours le même temps pour aller au centre de l'agglomération, que l'on décide la gratuité des transports, alors on réduit le nombre de voitures, on remet la nature en ville, on redonne du pouvoir de vivre aux habitants qui prennent le bus. On amène la mobilité aux habitants qui n'avaient pas beaucoup de moyens, parce que pour moi, la mobilité est un bien commun aujourd'hui. Il y a donc des choix qui doivent être faits au niveau local comme au niveau national. Et tout est affaire de courage, d'audace, de choix politiques de nos gouvernants.

Ça ressemble à quoi, pour vous, une vraie ville verte ?

On y explore toutes les politiques locales. C'est une ville où l'habitat est passif [avec une très basse consommation énergétique au m2]. C'est une ville où la nature est présente en ville. Nous [à Grande-Synthe], on avait 127 m2 d'espaces verts par habitant. 95% de la population vit à moins de 300 m d'un espace naturel. C'est de la mobilité douce. On oublie souvent la marche à pied, mais c'est agréable de se promener sur des trottoirs où il y a des arbres qui nous protègent, où c'est beau. C'est la pratique du vélo sur des pistes cyclables avec une aide à l'achat de vélos. C'est une politique de transports en commun sur l'agglomération et sur la place de la voiture. C'est une politique énergétique. C'est être une ville où il y a 100% d'électricité renouvelable et 75% de gaz renouvelable. En 2021 [à Grande-Synthe], ça sera 0% de gaz renouvelable, et uniquement de la récupération de chaleur du gros groupe industriel ArcelorMittal, qui est derrière, pour chauffer tous les équipements de la ville, des logements sociaux, la polyclinique de la ville. C'est 200 000 euros d'économies sur le budget de la ville, c'est 5 600 tonnes de CO2 qu'on ne relâchera pas dans l'atmosphère. C'est une politique culturelle qui émancipe les habitants, qui les sort du système dans lequel on est, avec la culture et l'éducation populaire. Avec ces deux outils-là, c'est aussi une sensibilisation, un accompagnement de la population vers ce nouveau monde. C'est une ville qui lutte contre les perturbateurs endocriniens partout, en forçant les habitants à se préparer des produits ménagers, des cosmétiques à base de produits naturels. C'est du 100% bio dans les cantines, mais du 100% bio local, avec des maraîchers qu'on implante à la lisière de la ville, qui fournissent l'alimentation pour la restauration scolaire et pour les habitants. 

"La société écologique est sociale et empathique. C'est de l'empathie avec la nature, avec son semblable." Damien Carême à franceinfo

C'est mettre en place l'économie du partage et de la fonctionnalité avec un petit local qu'on appelle le "Troc Et Co", où les gens, plutôt que de s'acheter une perceuse, par exemple, la partagent. On achète là parce que c'est moins de consommation, c'est moins de matières premières, c'est moins de matériaux rares, c'est moins de consommation d'eau, de pétrole pour construire ces choses-là. Donc c'est une revisite de la politique de consommation. C'est aussi porter un autre regard sur l'autre. On ne peut pas travailler sur un secteur et pas un autre. Il faut qu'on soit sur tous les champs des politiques de la collectivité.

 

Éclairé par une source de lumière vivante :

 La bioluminescence est la production et l’émission de lumière par certains organismes vivants (lucioles, vers-luisants, et plus de 80% des organismes marins). L’entreprise Glowee développe une matière première bioluminescente faite de micro-organismes naturels et cultivables à l’infini obtenus sans modifications génétiques. Cette matière pourrait équiper les salles de relaxation, le mobilier urbain ou la signalétique routière par exemple…Une manière de lutter contre la pollution lumineuse.

 

Autre idée réalisée: Du papier fait avec de la poudre de pierre.

 Il est écologique, étanche, ne coupe pas et il est très résistant. Il est fabriqué à partir de carbonate de calcium mélangé à une matière plastique recyclable (le polyéthylène haute densité) ; ce produit chimique  ne se dégrade pas et le recyclage nécessite la présence d'une filière qui n'existe pour l'instant…

Remplacer le pétrole par la biomasse:

Deux projets suisses conduits dans le cadre du Programme national de recherche "Ressource bois" (PNR 66) ont réalisé des avancées significatives pour remplacer le pétrole par la biomasse provenant de végétaux, notamment du bois. Leurs objectifs sont complémentaires car chacun utilise l’un des deux principaux constituants du bois: la cellulose et la lignine. Ces derniers constituent les deux composés organiques les plus courants sur Terre, et sont renouvelables.

Sviatlana Siankevich de l’EPFL a conçu de nouveaux processus catalytiques pour transformer efficacement la cellulose en hydroxyméthylfurfural (HMF), un précurseur très important dans la fabrication de matières plastiques, d’engrais ou encore de biocarburants . Inspirée par des champignons participant à la décomposition du bois, l’équipe de Philippe Corvini à la FHNW de Muttenz (BL) a sélectionné des enzymes capables de couper la lignine en composés aromatiques utiles à la fabrication de solvants, de pesticides, de plastiques tels que les polystyrènes ainsi que de substances pharmaceutiques.

Stocker l'énergie solaire  dans un fluide:

Des chercheurs de l'Université de technologie de Chalmers en Suède viennent de démontrer que l'on peut stocker l'énergie solaire dans un fluide, une molécule composée de carbone, d'hydrogène et d'azote. Lorsque ce fluide est exposé à la lumière du soleil, il se produit un phénomène particulier: les liaisons entre les atomes sont réarrangées et emmagasinent l'énergie. Celle-ci peut être restituée à la demande en envoyant le carburant dans un catalyseur. Imaginez des vitrages comportant un tel fluide: ce serait à la fois des capteurs solaires et des batteries, permettant de restituer à la demande la chaleur stockée à la température ambiante avec une perte minimale. Selon les chercheurs, l'énergie peut y être piégée pendant de longues années et le cycle et décharge opéré à de très nombreuses reprises. Tout indique que l'on pourrait atteindre une chaleur de 110 degrés, de quoi produire de l'électricité si nécessaire. L'industrialisation devrait prendre entre six et dix ans.